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Solidarité-Torture

25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 07:13

Faut-il donner plus de pouvoir aux laïcs dans l'Eglise catholique ?

 

 

« Plus que des collaborateurs, les laïcs doivent être considérés comme coresponsables de la mission de l’Eglise ». Citant Benoît XVI, des catholiques de la région lyonnaise (membres du Réseau des parvis Rhône-Alpes et de la Conférence catholique des baptisé(e)s) viennent de publier une lettre ouverte dans laquelle ils entendent interpeller leurs évêques pour qu'ils mettent davantage en œuvre, dans les paroisses et dans les diocèses, la coresponsabilité entre clercs, laïcs et religieux, voulue par le concile Vatican II.

« Nous répondons à l'invitation du droit canon qui, dans son article 212, stipule que les fidèles ont le droit et parfois le devoir de donner aux pasteurs leur opinion sur ce qui touche le bien de l'Eglise, et de le faire connaître aux autres fidèles... », écrivent les signataires de cette lettre, qui contient de nombreuses propositions parmi lesquelles : « Réunir des synodes diocésains sur le thème de l’avenir : Quelles paroisses pour demain ? Quels pasteurs et quels ministères pour les communautés ? Comment annoncer l’Evangile à nos contemporains ? ». « Ouvrir le débat sur l’accès des femmes aux ministères et aux responsabilités les plus larges. » « Orienter la pastorale pour que les catholiques s’engagent davantage pour la justice dans toutes ses dimensions », ou encore « Réfléchir à l’accueil dans la vie sacramentelle de tout homme et femme quelle que soit leur situation matrimoniale ».

Ces catholiques engagés citent abondamment Vatican II et se réjouissent de l'élection du pape François. « En appelant l'Eglise à être pauvre pour les pauvres le pape invite chacun à réévaluer ses pratiques », affirment-ils. C'est pourquoi, ils souhaitent engager des actions immédiates, en demandant que les conseils diocésains de pastorale, associant clercs et laïcs, « deviennent non seulement des lieux de réflexion, mais aussi de décision ». Ils voudraient aussi que dans les équipes d’animation pastorale (EAP), « devenues réellement représentatives, laïcs et clercs partagent, dans le respect mutuel, un vrai pouvoir de décision ».

 

 

Réactions (4)
yvette poussard

3

Comme l'a rappelé notre pape François, l'Eglise n'est ni un parti politique, ni une ONG. Elle n'est pas une démocratie. Elle vit sous l'inspiration de l'Esprit Saint. Il est évident que les EAP ont une influence dans leurs relations avec leur curé, leur octroyer des pouvoirs de décisions risquerait d'être un alourdissement stérile. Nous avons déjà tant de mal à être dans le monde sans être du monde. L'Eglise doit nous aider à ne pas être des moutons de Panurge, à ne pas vouloir suivre les modes et les influences médiatiques. Nous voudrions que les clercs soient moins attachés ç leur pouvoir, mais dans le même temps, nous laïcs, nous voudrions acceder à ce pouvoir. Contradiction, non?

Alerter

souvenance

3

Vu la moyenne d'âge du clergé, l y a aura d'évidence dans quelques années des femmes en charge de ministères et des laïcs mariés devenant prêtres. Et ce sera heureux. Plus inquiétant l'infiltration actuelle de courants radicaux dans l'animation pastorale, certaines écoles, prôant une intransigeance doctrinale qui est en fait idéologique et pleinement ancrée à l'extrême droite. On voit bien les clivages actuels à propos du mariage pour tous et une certaine radicalisation qui horrifie bien des chrétiens plus tolérants car plus ancrés dans la vie réelle.

Alerter

Daniel Gérard

3

Plus de pouvoirs ? je ne sais pas si la question est là; pour moi, les responsables actuels de l'église (évêques et clercs) n'ont pas trouvé leur vraie place dans cette nouvelle évangélisation. Actuellement ils ressemblent à un état major calefeutré dans leur P.C. qui envoie leurs troupes au contact du monde à travers des mouvements d'église qui sont leurs seules préoccupations. Tout cela me semble inapproprié et peu conforme à l'évangile et à une saine théologie. Personnellement je ne vois pas ma place dans ce contexte où les décideurs ne rencontrent pas les personnes engagées dans des mouvements non catho qui n'ont d'ailleurs aucunement la parole. Dans ce cas la question de plus de pouvoir pour les laïcs ne se pose pas puisqu'ils n'ont pas de place et ne sont pas entendus. Ils sont souvent réduits à un service d'église. Daniel-Marie

Alerter

uncatho

3

faisant partie d'une communauté nouvelle, je ne peux qu'être réservé par la revendication que les conseils diocésains « deviennent non seulement des lieux de réflexion, mais aussi de décision ». Ou que les équipes d’animation pastorale (EAP), « devenues réellement représentatives, laïcs et clercs partagent, dans le respect mutuel, un vrai pouvoir de décision ». C'est totalement ignorer 1 Co 12 (comparaison du corps) L'Eglise n'est pas démocratique dans son essence. Quand à la justice, il serait bon de revenir à son sens biblique : est juste ce qui est ajusté à la volonté de Dieu, et ça concerne autant la vie sociale que le comportement "privé". (relire "Caritas in veritate")

 

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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 08:00
Analyses - Points de vue

 
Les assistés de la France d’en haut sont-ils « intouchables » ?
le 18 mai 2012

Les plus favorisés sont aussi assistés que les autres. La leçon d’assistanat donnée à la France d’en-bas est moralement inacceptable et politiquement risquée. Un point de vue de Noam Leandri et Louis Maurin, de l’Observatoire des inégalités.

« Comment vous vivez l’idée d’être un assisté, ça vous gêne pas de vivre sur le dos des autres ? ». « Ca va merci. Et vous ? » Ce dialogue entre François Cluzet, riche handicapé assisté d’une kyrielle d’aides et Omar Sy, demandeur d’emploi, tiré du film Intouchables d’Olivier Nakache et Eric Toledano, en dit long sur la société française. La France est pour partie un pays « d’assistés ». Dans l’immense majorité des cas, il s’agit d’aider les plus démunis à ne pas verser dans la misère. Mais le soutien de la collectivité ne se résume pas aux plus pauvres, loin s’en faut. Le problème, c’est qu’en haut de la hiérarchie sociale, on se permet de faire la leçon à une France qui peine à boucler ses fins de mois.
Comment évaluer le nombre d’« assistés » ? Si l’on adopte une vision restrictive, on peut y inclure les titulaires des prestations sociales, qu’elles soient universelles (comme les allocations familiales) ou ciblées sur les plus modestes (comme les allocations logement). En 2010, les minima sociaux font vivre 6,3 millions de personnes – soit 10 % de la population - d’après le ministère de la santé. De plus, huit millions de salariés à faibles revenus perçoivent la prime pour l’emploi ou le RSA activité [1] d’après les dernières données en 2011. Quelque 4,5 millions de foyers ont bénéficié des allocations familiales et 2,5 millions des allocations logement versés par les Caisses d’allocations familiales (CAF) en 2010 [2]. Il faut encore y ajouter les aides sociales aux démunis, que ce soit pour l’hébergement, la santé, la garde d’enfants, versées au cas par cas par les CAF, l’assurance maladie et les collectivités locales.
Ces données n’ont rien d’original, et la critique de « l’Etat providence » - qui repose sur ce système développé de protection sociale - remonte à la seconde moitié du XIXe. Mais les pauvres sont loin d’être les seuls à bénéficier du système. Retraites, soins, allocations chômage ou allocations familiales : les catégories aisées bénéficient très largement de l’argent public. Parmi les trois millions de chômeurs et les 15 millions de retraités, on ne compte pas uniquement des catégories populaires.
Certaines aides sont même ciblées sur les plus riches. C’est le cas par exemple des très nombreuses réductions d’impôt (aussi appelées « niches fiscales »). Elles vont coûter en 2012 la bagatelle de 66 milliards d’euros à la collectivité en pertes de recettes fiscales. Ainsi, les femmes de ménage et autres personnels à domicile - comme ceux qui entourent François Cluzet dans le film Intouchables - sont largement subventionnés. En 2008, cette niche fiscale a coûté 2,3 milliards d’euros de recettes à l’Etat. Des travaux à domicile en passant par les investissements dans les Dom-Tom ou l’immobilier locatif, ces niches vont pour l’essentiel aux plus aisés. Ainsi, les deux tiers des baisses d’impôt pour l’emploi de personnel à domicile sont allés aux 10 % des contribuables les plus favorisés selon un rapport officiel d’évaluation des niches fiscales paru en juin 2011 (consulter en ligne). Le mécanisme du quotient familial de l’impôt sur le revenu, même plafonné, procure un avantage qui augmente avec le niveau de vie et le nombre d’enfants : 10 milliards sont ainsi distribués [3]. L’avantage se monte à 2 300 euros annuels à partir de 5 000 euros de revenus mensuels, pour les familles avec deux enfants, à 4 600 euros au maximum à partir de 6 000 euros mensuels, pour les familles avec trois enfants et atteint 9 000 euros à partir de 7 500 euros mensuels.
En plus des niches fiscales, une grande partie des services publics financés par la collectivité bénéficie davantage aux riches qu’aux pauvres. Il en est ainsi de l’école : compte tenu des inégalités sociales qui existent dans l’enseignement supérieur, l’Etat dépense bien davantage pour les enfants de cadres supérieurs que pour ceux d’ouvriers. Les premiers ont deux fois plus de chances de suivre des études supérieures révèle l’Insee (voir l’article), d’autant plus si elles sont longues et élitistes. Une scolarité jusqu’au master (bac+5) coûte presque deux fois plus chère aux finances publiques qu’un BEP-CAP selon le ministère de l’Éducation. En gros, la formation d’un élève jusqu’au BEP coûte 100 000 euros à la collectivité, un étudiant en licence 140 000 euros et un élève de grande école près de 200 000 euros… Au sommet, dans les écoles les plus prestigieuses du pays que sont l’Ena, l’Ecole normale supérieure et Polytechnique notamment, les élèves quasiment tous issus des familles les plus aisées du pays, sont… payés pour étudier. Sans compter que les enfants de familles aisées fréquentent plus volontiers les établissements bien dotés en enseignants expérimentés, et donc mieux payés que leurs jeunes collègues envoyés dans un établissement dit « d’éducation prioritaire ».
On retrouve le même phénomène dans bien d’autres domaines de l’intervention publique, comme en matière de politique culturelle. Musées, théâtres, opéras ou conservatoires de musique : les loisirs des riches sont massivement subventionnés, alors qu’ils sont fréquentés pour une grande partie par une minorité très diplômée.
Au-delà de la seule sphère publique, les plus aisés savent très bien comment profiter de soutiens très variés. Des voitures de fonction à usage personnel aux invitations (concerts, spectacles, représentations sportives, etc.) distribuées gracieusement en toute légalité par des entreprises ou des institutions publiques, en passant par des congés tous frais payés par un tiers… Le premier ministre François Fillon lui-même s’était fait payer une partie de ses congés de l’hiver 2010-2011 par les autorités égyptiennes… Dans l’univers de l’entreprise, une partie des plus favorisés arrivent à faire prendre en charge une partie de leurs dépenses privées, du téléphone à la voiture de fonction en passant par certains déplacements. Jean-Marie Messier, ancien PDG de Vivendi avait, par exemple, bénéficié d’un appartement de fonction dans le plus beau quartier de New-York aux frais de l’entreprise et continué à l’occuper un an après son limogeage en 2002.
Tout en critiquant le niveau de protection sociale dont disposent les plus faibles, les hauts dirigeants négocient pour eux-mêmes des protections financées par l’entreprise, qui les mettent à l’abri pour plusieurs générations en cas de départ involontaire. Ainsi par exemple, Anne Lauvergeon, débarquée d’Areva (nucléaire) l’an dernier, recevra 1,5 million d’indemnités de départ, plus d’un siècle de Smic. Elle touchait déjà un revenu d’un million par an. Au-delà, les revenus qu’ils s’octroient suffisent à se protéger du besoin pour plusieurs générations. Ainsi, à 70 ans, Maurice Levy, président du directoire de l’agence de publicité Publicis va recevoir pas moins de 16 millions d’euros de rémunération différée (bonus) pour avoir « rempli ses objectifs »… L’équivalent de 1 300 ans de Smic.
Lutter contre les profiteurs
Ceux qui contestent le principe même d’allocations pour les plus démunis d’un côté ou la gratuité de l’enseignement de l’autre sont peu nombreux. Les fondements de la protection sociale sont très largement partagés dans notre pays. Les personnes montrées du doigt sont celles qui profitent indûment de ce système. Dans un système développé de protection sociale et de services publics, les abus existent inévitablement. De même que la criminalité existe dans tous les pays, tous les systèmes publics entraînent leur lot de « profiteurs ». Ainsi, selon la Cour des comptes, les fraudes aux prestations sociales coûteraient environ 1,5 milliard d’euros qui se décomposent en 0,8 milliard d’allocations chômage indûment perçues en 2007 et 0,7 milliard de prestations des CAF en 2009.
L’histoire montre pourtant que, comme Omar Sy et François Cluzet, ces profiteurs sont répartis dans tous les milieux de la société, riches ou pauvres. Pour un titulaire du RSA (ancien Rmiste) qui assure ses fins de mois « au noir », combien de familles ne déclarent pas leurs employés de maison pour ne pas payer de charges sociales ? Pour une femme seule qui ne signale pas immédiatement un nouveau compagnon pour continuer à toucher l’allocation parent isolé, combien de milliardaires se soustraient à l’impôt par des techniques d’évasion à la limite de la légalité ? Combien d’emplois de complaisance pour ne pas dire fictifs sont octroyés dans les entreprises, les cabinets ministériels ou les collectivités locales pour employer des amis ou de la famille ? Cas extrême, on se rappelle de la condamnation en 2008 de la fille du milliardaire François Pinault qui avait indument perçu un RMI pendant six ans tout en s’acquittant de l’impôt sur la fortune… A bien plus petite échelle, Delphine Batho, députée et porte-parole du parti socialiste occupe un appartement de la Régie immobilière de la ville de Paris de 108 m2 pour 1 500 euros, soit 30 % de moins que le prix du marché.
A l’opposé, on oublie très souvent qu’une partie des bénéficiaires potentiels ne demande rien et rase les murs pour ne pas être stigmatisée. Seulement 32 % des ménages pouvant bénéficier du RSA activité y ont recours et 65 % des potentiels rmistes (RSA de base), laissant ainsi près de 2 milliards d’euros inemployés au budget de l’Etat, d’après le rapport du comité d’évaluation du RSA. De même, 1,7 million de personnes ne recouraient pas à la CMU complémentaire à laquelle ils ont droit (voir notre article sur le non recours). La complexité des démarches et les discours culpabilisants sur les « assistés » y sont pour beaucoup.
Tous assistés ?
Alors, sommes-nous tous des assistés ? Oui. C’est une bonne chose. Pour partie, notre système social soutient davantage ceux qui en ont le plus besoin : c’est l’expression de la solidarité nationale, de la « fraternité » de notre devise nationale, valeur largement partagée. Pour partie, notre système offre des services publics de qualité à tous, par souci d’universalité : il protège ainsi des aléas de la vie. Si l’on veut maintenir un système où les plus aisés contribuent davantage que les autres, on ne peut restreindre les droits aux plus démunis : il n’aurait plus de légitimité aux yeux de l’ensemble des contributeurs. C’est pour cela, par exemple, que la plus grande partie des allocations familiales est du même montant pour toutes les familles. Leur rôle n’est pas de réduire les inégalités de revenus, mais de soutenir les familles dans leur ensemble. De façon bien plus large, la gratuité de l’école ou le financement des musées et des bibliothèques sont destinés à les rendre plus accessibles et favoriser leur démocratisation. Il faut la préserver.
Tout est question de dosage. Trop de prestations sous conditions de ressources alimentent une critique du système par ceux qui se situent au-delà de ces conditions mais qui ne disposent pas des autres protections dont bénéficient les plus riches. C’est actuellement le cas, par exemple, auprès de catégories qui se situent juste au-dessus du plafond de revenu qui permet de toucher les allocations logement, juste au-dessus du Smic. Une partie de la classe politique pointe du doigt « l’assistanat » des plus démunis, pour tenter de séduire les couches moyennes qui se situent un cran au-dessus… tout en fermant les yeux sur l’ensemble des avantages dont bénéficient les couches aisées.
La critique des différents avantages dont profitent les plus aisés est aujourd’hui de plus en plus fréquemment mise en avant, à droite comme à gauche… sans grand effet. Dans la sphère publique les niches fiscales, coûteuses et inefficaces, sont largement dénoncées mais à peine réduites. Les privilèges dont jouissent les enfants de diplômés à l’école sont connus, mais rien n’est proposé pour transformer réellement le système. Une bourgeoisie culturellement favorisée de droite et de gauche défend son « élitisme républicain » transformé en élitisme social. Au nom de la création, la politique culturelle française (des musées aux conservatoires en passant par l’opéra) se soucie peu de démocratiser le public (voir l’article d’Olivier Donnat « Démocratisation de la culture : fin… et suite ? »). Dans la sphère de l’entreprise aussi les protections et les niveaux de rémunérations démesurés sont aujourd’hui très largement discutés, parfois par les intéressés eux-mêmes… Ainsi, par exemple, Maurice Levy avait revendiqué en août 2011 une plus forte contribution des plus fortunés… Sans que les actionnaires n’interviennent pour remettre en cause les niveaux astronomiques distribués aux dirigeants.
La leçon d’assistanat donné par des couches sociales qui profitent des largesses de l’Etat providence et de l’entreprise bien plus que les autres, qui sont tout autant présents parmi les fraudeurs, est à la fois moralement inacceptable et politiquement risquée. Tout en croyant rassurer la France populaire, celle qui se lève tôt, elle engendre un décalage dévastateur entre les discours et les actes, qui attise un populisme qui ne peut que profiter à l’extrême droite qui l’utilise au mieux.
Noam Leandri, président de l’Observatoire des inégalités.
Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.
Auteur de « Déchiffrer la société », éd. La découverte, 2009.
Photo/© Ignatius Wooster - Fotolia.com
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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 06:19
Message papal pour le Bicentenaire du Bienheureux Frédéric Ozanam

SS le Pape François

Sa Sainteté le Pape François adresse au Cardinal André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, aux membres de la Société de Saint-Vincent de Paul et aux participants au colloque international «Frédéric Ozanam, précurseur de la Doctrine sociale de l’Église» son cordial salut et l’assurance de son union dans la prière et l’action de grâce.
Dès 1833, Frédéric Ozanam, âgé de vingt ans, oriente sa vie vers l’aide aux plus démunis. Il décide, avec des amis parisiens, de fonder une petite société vouée au soulagement des pauvres, qui prend alors le nom de Conférence de la charité et se place sous le patronage de saint Vincent de Paul, dont la vie a été toute donnée au service de la charité et du salut des âmes des pauvres.
Le Pape François encourage les membres de la Société de Saint-Vincent de Paul à s’inspirer du modèle de foi et de charité qu’a incarné le bienheureux Frédéric Ozanam, durant toute sa vie d’étudiant puis de professeur. Il les invite à nourrir leur service des plus pauvres à la source de l’amour divin, prenant exemple sur le Seigneur Jésus lui-même. Qu’ils n’aient pas peur de sortir d’eux-mêmes pour regarder avec affection et tendresse les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits, et leur annoncer que Dieu les aime, leur apprenant à lire les signes de son amour dans leur vie, et travaillant à plus de justice dans le monde à la lumière de la doctrine sociale de l’Église.
En confiant les personnes participant aux célébrations du bicentenaire, ainsi que tous les membres de la Société de Saint-Vincent de Paul, à l’intercession de saint Vincent de Paul, du bienheureux Frédéric Ozanam et de la bienheureuse Rosalie Rendu, le Saint-Père leur adresse de grand coeur la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 8 avril 2013.

Cardinal Tarcisio Bertone, Secrétaire d’État

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 08:37

16/05/2013

Pauvreté et exlusion sociale : non, l'assistance n'entraîne pas l'assistanat selon le rapport de l'Onpes

Carlotti,onpes,wauquiez,assistance,aide sociale,solidarité« Penser l’assistance pour en sortir » : le rapport que Jérôme Vignon, le président de l’Observatoire de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) a remis ce jeudi 16 mai à Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée à la lutte contre l’exclusion, est une réponse argumentée à tous ceux qui soupçonnent l’aide sociale d’encourager les personnes en détresse « à tout attendre d’autrui, à profiter abusivement de ses "largesses" au lieu de les inciter à se prendre en charge ». Comme Laurent Wauquiez, par exemple : l’ex-ministre des affaires européennes du gouvernement Fillon avait dénoncé, en mai 2011, les « dérives de l’assistanat » comme « le cancer de la société française ». « Les situations d’abus existent, on ne peut le nier. (…) Pour autant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt », souligne l’Onpes, composé de chercheurs ainsi que de représentants des pouvoirs publics, d’organismes de protection sociale et d’associations : « Ce rapport montre, autant que peuvent en attester des données de sources variées, que prévaut dans les populations précaires et/ou aidées une immense aspiration à s’en sortir. » 


Beaucoup de non-recours aux droits

« La dépendance est un état de souffrance qu’elles dissimulent autant que possible », comme le prouve l’ampleur des phénomènes de non-recours : deux tiers des allocataires potentiels du RSA activité ne font pas valoir leurs droits ; comme 68% des ménages éligibles aux tarifs sociaux du gaz et de l’électricité ; et 53 à 67% des personnes éligibles à l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé.  « Pour une prestation donnée, le non-recours engendre des "non-dépenses" bien supérieures au montant estimé de la fraude pour ces mêmes prestations. »

« De même, le soupçon d’une installation délibérée dans la dépendance est contredit par la connaissance des trajectoires multiples d’entrée et de sortie de l’exclusion. » Exemple : en France métropolitaine, environ 1,83 million de foyers bénéficiaient du RSA fin décembre 2011. Or, le nombre de foyers ayant perçu le RSA durant au moins un mois entre janvier et décembre 2011 s’est élevé à 3 millions, soit 1,64 fois plus que l’effectif mesuré en fin d’année, ce qui traduit la relative mobilité de ces publics.

Le rapport suggère plusieurs pistes de travail : automatiser davantage notre système de versement de droits, afin d'éviter le sentiment de stigmatisation éprouvé par les allocataires ; repenser et revaloriser le travail social pour mieux accompagner les bénéficiaires vers l'autonomie ; et mieux évaluer les effets des politiques de solidarité pour en améliorer l'efficacité et la compréhension par les citoyens. L’Onpes propose aussi de considérer les dépenses d’assistance comme des « investissements sociaux». « Une réalité qui s’impose lorsque l’on considère l’effet à long terme sur les finances publiques des coûts du mal-logement, d’une prévention insuffisante en matière de santé, de l’échec scolaire et du chômage de longue durée. »

 

 Franck Seuret – Photo DR

 

Lien

http://www.faire-face.fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 08:25

Observatoire national de la pauvreté : pour une "pédagogie de l'assistance"

SocialPublié le vendredi 17 mai 2013

 

"Il faut justifier le fait d'être au RSA. Il faut leur fournir des tas de papiers. C'est une situation qu'on a du mal à vivre, on est considérés comme les profiteurs de la société..." C'est en écho à ce type de témoignages – ici celui d'une mère célibataire allocataire du RSA – que l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) a décidé de consacrer son huitième rapport annuel, non pas à une collecte de chiffres, mais à un seul sujet, celui du regard porté par la société française sur "l'assistance".
Sous ce terme, l'Onpes désigne "les politiques d'aides sociales en direction des plus démunis, qui comprennent notamment les minima sociaux". Il est ainsi évidemment beaucoup question, dans ce rapport de 100 pages, du RSA et de ses bénéficiaires. "Il ne faut pas avoir honte du terme d'assistance", a d'emblée souligné le président de l'Onpes, Jérôme Vignon, en remettant ce 16 mai son rapport à la ministre déléguée Marie-Arlette Carlotti, relevant d'ailleurs au passage que celle-ci aurait préféré le terme de "solidarité".
L'ouvrage commence par retracer l'historique de la notion d'assistance, montrant ainsi que le débat autour du comportement supposé opportuniste dont feraient preuve les bénéficiaires des dispositifs d'aide "est récurrent tout au long de l'histoire de la protection sociale". Et que ce débat a tendance à se réveiller en période de crise... En fait, les périodes de crises feraient naître des réactions contradictoire : d'une part, "la crise avive le sentiment solidariste" et "si une partie de l'opinion française craint les effets déresponsabilisants des politiques sociales, la majorité défend l'idée que des filets de sécurité sont nécessaires, plus encore pendant les périodes de crise économique" ; mais dans le même temps, les propos dénonçant l'"assistanat" ont "particulièrement d'audience dans les périodes économiques tendues comme celle que nous vivons", a souligné Marie-Arlette Carlotti.
Jérôme Vignon a pour sa part évoqué le "tempérament à la fois solidariste et soupçonneux" de la société française, face auquel il faut absolument mener "une pédagogie de l'assistance". "Les pouvoirs publics doivent lutter contre les visions simplistes de l'assistance, contrecarrer le sentiment de stigmatisation de tous ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté", a de même insisté Etienne Pinte, le président du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE), présent lors de la remise du rapport (sachant que "l'Onpes représente en quelque sorte l'Insee du CNLE", tel que l'a formulé Etienne Pinte).
L'Onpes aborde aussi la question dans sa dimension juridique, interrogeant entre autres les équilibres entre droits et obligations. A ce sujet, il considère que "la tendance consiste à penser en termes de devoirs individuels en contrepartie d'un droit à une prestation"... et que dans les faits, "de plus en plus de contreparties sont exigées lors de l'ouverture des droits". Ce serait même dans ce domaine de l'assistance "que la politique des contreparties a pris le plus d'ampleur". Avec, toutefois, un nouveau mouvement de balancier : "Actuellement, en réaction à cette vision stigmatisante qui insiste sur les responsabilités individuelles", on commence à constater que les décisions de justice "mettent plus l'accent sur le fait que le bénéficiaire de prestations sociales a des droits qu'il convient de respecter."

Pour des modalités d'attribution des aides plus automatiques

Jérôme Vignon accorde une place centrale au "travail social" (l'assistance n'est-elle pas en effet représentée au premier chef par "l'assistante sociale" ?), jugeant qu'"il faut à la fois l'individualiser et l'institutionnaliser". Une idée développée dans le rapport : "Il convient à la fois de personnaliser les liens que noue chaque accompagnateur avec son interlocuteur et de l'institutionnaliser au sens de reconnaître la place essentielle d'un tel travail d'accompagnement au coeur du lien social." A l'heure où le gouvernement prépare pour 2014 des "Etats généraux du travail social", précédés en 2013 d'assises régionales, le rapport trace d'ailleurs des pistes devant permettre d'améliorer les conditions d'exercice du travail social et de le revaloriser.
La principale recommandation de l'Onpes est sans doute celle consistant à automatiser au maximum le système de versement des prestations. "Privilégier des modalités d'attribution des aides automatique comme les prestations familiales, les allocations personnalisées au logement, dont on connaît l'impact important dans la lutte contre la pauvreté, aurait l'avantage d'éviter le sentiment de stigmatisation éprouvé par leurs allocataires [...] et éviterait aux allocataires de devoir justifier sans cesse leur demande par des considérations personnelles", détaille le rapport, rappelant que des expériences locales ont déjà été menées dans ce domaine et citant à ce titre l'exemple de Grenoble en matière d'aide à la nutrition infantile.
Autre série de propositions, toujours pour "combattre les idées reçues" : "mieux évaluer et analyser les effets des politiques de solidarité", qu'il s'agisse de non-recours ou de suivi des trajectoires des personnes. Il s'agit aussi de "considérer les dépenses d'assistance non seulement comme liées à la solidarité, mais comme un investissement social".
Marie-Arlette Carlotti a relevé que la Conférence nationale contre la pauvreté de décembre dernier - puis le plan pluriannuel - était déjà très axés sur "la bataille du refus du discours sur l'assistanat" et a surtout mis en avant la volonté du gouvernement de lutter contre le non-recours, d'associer les bénéficiaires aux politiques qui les concernent et de montrer que "nul n'est inemployable", notamment en proposant "des contrats adaptés aux capacités de travail de la personne".

 

Claire Mallet

 

http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/Page/AccueilLocaltis

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 07:44
Annonce de Manuel Valls d'une réforme du droit d'asile : ce qu'il faut savoir

 

Dans un entretien au Monde du 5 mai 2013, le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a annoncé une réforme d'ampleur du système français d'asile, précédée d'une consutlation des associations et des élus locaux, menée par un parlementaire. La Cimade accueille avec satisfaction cette annonce et plaidera pour une profonde réforme du système français d'asile. Quelques repères pour comprendre les propos du ministre.

 

La très forte augmentation du nombre de demandes d'asile 

Le ministre indique que "Depuis 2007, les demandes d'asile ont augmenté de 70 %. Avec 61 000 demandes en 2012, la France est le deuxième pays européen le plus sollicité"

Les deux assertions sont vraies : en 2012, l'OFPRA a enregistré 61 468 demandes d'asile contre 35 320 en 2007 (soit 73% de hausse). La France est le deuxième pays d'accueil en 2012 derrière l'Allemagne. Mais il faut les relativiser : ces données comprennent les mineurs accompagnant les demandeurs et dont l'examen de la demande est fait conjointement(14 000 en 2012) et les réexamens (6 000). L'année 2007 est aussi l'année de la décennie où le nombre de demandes a été le plus bas. En moyenne, au cours de la décennie 2002-2012, 53 000 demandes (réexamens et mineurs compris) ont été enregistrées chaque année avec un pic en 2004 (65 000 demandes). L'Allemagne a connu une hausse de 41% en un an.

 

 

Les délais d'examen

Le ministre indique que "aujourd'hui, les délais d'examen des dossiers sont en moyenne de seize mois, sans compter la phase en amont de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (l'Ofpra)."

Le délai  moyen dont parle le ministre est l'addition du délai moyen de l'OFPRA (186 jours en 2012) et celui de la CNDA (9 mois en 2012). Selon la procédure appliquée, il est très différent. En effet, les préfets qui sont chargés de statuer sur l'admission au séjour des demandeurs peuvent le refuser selon quatre critères prévus par la loi (mise en oeuvre de la procédure Dublin, le demandeur vient d'un pays considéré comme sûr, sa présence constitue un trouble grave à l'ordre public ou sa demande est considérée comme frauduleuse ou dilatoire notamment s'il s'agit d'une demande faite à partir d'un centre de rétention ou d'une demande de réexamen). Dans les trois dernières situations, le demandeur peut saisir l'OFPRA mais l'examen se fera selon la procédure prioritaire.

Selon l'OFPRA, le délai moyen d'examen en procédure prioritaire est de 42 jours en 2012 soit 45 jours pour les premières demandes, 7 jours pour les réexamens et 4 jours pour celles formulées en centre de rétention. L'année 2012 a été marquée par une utilisation intensive des "procédures prioritaires" puisque 31% des demandes ont été examinées selon cette procédure dont 22,9% des premières demandes (un record historique). Le délai moyen pour une procédure normale peut alors être estimé à 254 jours.

En amont de la procédure OFPRA, et comme l'a montré le rapport de la CFDA, les délais sont de plus en plus longs, ils durent parfois cinq mois dans certaines préfectures. Un autre délai invisible est lié à la saturation du bureau d'aide juridictionnelle de la CNDA qui conduit à un délai de plusieurs mois pour que les demandeurs bénéficient d'un avocat gratuit pour formuler leur recours.

Globalement, le délai  moyen d'une procédure est donc de près de deux ans.

Pour y remédier, le ministre annonce une réorganisation de l'OFPRA et une simplification de la procédure en amont "de la domiciliation à l'accès à la préfecture" avec l'idée d'être "plus directif "pour orienter les demandeurs vers des régions moins surchargées que l'Ile de France ou la Picardie ou des villes comme Lyon, Rennes et Dijon. Pourtant en regardant les statistiques de l'OFPRA, on constate une décrue du nombre de demandes d'asile dans certaines de ces régions (l'Ile de France connaît une baisse de 6%) et une forte augmentation dans d'autres comme en Lorraine (+73%) ou en Auvergne (+67%)

 

Sur les procédures Dublin et les pays d'origine sûrs

Le ministre indique que la France "réadmet plus de migrants "dublinés" qu'il n'en transfère vers d'autres Etats membres." En 2012, selon les statistiques founies par le ministère de l'interieur, 598 transferts ont été effectués vers un autre Etat membre (en premier lieu l'Italie) et 923 l'ont été vers la France (en premier lieu de Belgique). Concernant les pays d'origine considérés comme sûrs, alors que le Conseil d'Etat a annulé l'inscription du Bangladesh sur la liste établie par le conseil d'administration de l'OFPRA, le ministre se déclare "ouvert à un examen de cette liste mais il faut être responsable : toutes les demandes ne se valent pas et il faut pouvoir les hiérarchiser"

 

Le dispositif d'accueil

 

Le ministre indique que "Les centres d'hébergement des demandeurs d'asile (CADA), qui devraient être la norme, sont, eux, saturés et proposés à seulement 30 % des demandeurs. On a donc recours de façon massive à l'hébergement d'urgence, au détriment des demandeurs d'asile comme des finances publiques."

En 2012, selon les premières indications de l'OFII 13 800 personnes (mineurs compris) sont entrées en CADA. Comme ces lieux n'accueillent que les demandeurs admis au séjour en métropole, c'est 34% de ces demandeurs qui y ont été admis dans un délai moyen de 13 mois. Si on prend en compte tous les demandeurs d'asile, ce taux tombe à moins d'un quart des demandeurs d'asile. En 2013, 20 000 places d'hébergement d'urgence sont prévues pour pallier les manques.

Si la création de 4000 places CADA pourra améliorer temporairement la situation, il faut revoir l'ensemble du dispositif d'autant que les demandeurs d'asile en procédure Dublin ou prioritaire devraient pouvoir y accéder.

Une consultation nationale urgente

Le ministre annonce une consultation nationale à partir du mois de juillet jusqu'en octobre avec les associations et les élus locaux.

La Cimade se félicite de cette annonce et souhaite y faire part de ses propositions pour une réforme du droit d'asile en France qui doit revoir complètement le dispositif procédural et d'accueil des demandeurs d'asile à la lumière du droit européen.

http://www.lacimade.org/

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 09:24
Catholicisme

Diaconia, un autre visage de l'Eglise catholique

Laurent Grzybowski

Créé le 13/05/2013 / modifié le 14/05/2013 à 12h00

© Laurent Grzybowski
© Laurent Grzybowski

Du 9 au 11 mai, 12 000 personnes engagées dans la lutte contre l'exclusion et la pauvreté se sont rassemblées à Lourdes, dans le cadre du projet Diaconia, lancé par l'Eglise catholique en France.

 

12 000 personnes venues de toute la France, dont 3 000 en situation de précarité, délégués par leurs diocèses, ont participé du 9 au 11 mai au rassemblement Diaconia 2013 à Lourdes, sur le thème : « Servons la fraternité ». Une démarche inédite et originale, confortée par la force des premiers mots et gestes du pape François. Le jour-même de son élection, le 13 mars, ce pape proche des pauvres avait appelé les catholiques à vivre « un chemin de fraternité ». A tel point que, les jours suivants, les inscriptions avaient grimpé en flèche, passant de 8 000 à 12 000 participants. C'est la première fois que les catholiques engagés dans la solidarité et dans le service des autres se rassemblent en masse... avec ceux-là mêmes qu'ils rencontrent quotidiennement par le biais de leur engagement : personnes de la rue, familles en précarité, chômeurs, prisonniers, gens du voyage, migrants avec ou sans-papier, malades ou handicapés...

 

« Face à la crise, nous refusons le fatalisme car nous avons une bonne nouvelle à annoncer », nous a expliqué Mgr Bernard Housset, président du Conseil national de la solidarité. « Tous, qui que nous soyons, nous pouvons trouver notre bonheur dans le service des autres et notamment des plus fragiles. Ceux-là ne veulent plus être considérés comme des assistés, mais comme des partenaires, c'est pourquoi nous cherchons à promouvoir la réciprocité des échanges. Les personnes en situation de fragilité ont des richesses à partager. Ils ne veulent pas simplement recevoir une aide, un sourire ou une attention, ils veulent aussi donner. Et ils ont beaucoup à nous donner. »

 

Membre du groupe Place et parole des pauvres, Marie-France a raconté face à la foule rassemblée dans la basilique souterraine Saint Pie X comment, un jour, elle avait découvert un tag inscrit sur le mur d'une église dont les portes étaient fermées, « Ouvrez la porte de l'église, Dieu est à tous ! », et comment cette parole avait fortement résonné en elle. Longuement applaudie, cette militante a ajouté : « Quelle place faisons-nous aux plus petits et aux plus fragiles dans nos paroisses ? Comment sont-ils pris en compte et vraiment inclus dans la communauté ? Vivre la fraternité n'est pas réservé aux spécialistes, ce doit être l'affaire de toute la communauté chrétienne. »

 

Par sa dimension à la fois sociale et populaire, par son ouverture aux autres, Diaconia a été aussi l'occasion de présenter un visage d'Eglise différent de celui des manifestations contre le mariage pour tous. « Dans le contexte de crise écologique, économique et financière que nous traversons, le rassemblement Diaconia est une manière d'affirmer que la rencontre et le partage avec les personnes fragilisées peuvent transformer des regards, des vies, des communautés et la société toute entière », a expliqué François Soulage, président du Secours catholique, l'un des initiateurs de la rencontre. « Avec Diaconia, l'Eglise montre aussi qu'elle peut s'intéresser à autre chose qu'au mariage gay, ou en parler autrement. Il y a parmi les participants des membres de l'association David et Jonathan, rassemblant des chrétiens homosexuels qui n'ont pas le même vision que ceux qui sont allés manifester contre le mariage pour tous. »

 

Ils sont en effet nombreux, dans les associations et les réseaux caritatifs, à penser qu'il est temps de tourner la page sur ce sujet. « Pourquoi descendre encore dans la rue le 26 mai ? », s'interroge Julien, 25 ans, militant de la Jeunesse ouvrière chrétienne (Joc), qui voit dans ces manifestations à répétition un « phénomène de classe ». A Lourdes, dans les conversations, beaucoup ont d'ailleurs dit leur ras-le-bol de voir leur Eglise associée à la droite ou à l'extrême droite, voire à des groupes franchement homophobes. Et ont regretté que les catholiques se soient autant mobilisés sur cette question... au détriment d'un combat qui leut paraît bien plus légitime : la lutte contre l'exclusion.

 

Jusqu'à l'évêque de Nanterre, Mgr Gérard Daucourt, qui n'a pourtant pas ménagé sa peine ces derniers mois pour mobiliser les catholiques de son diocèse contre le mariage gay. Lors d'un forum organisé pendant la rencontre, il n'a pas hésité à affirmer : « Si les catholiques mettaient autant d'énergie à combattre toutes les formes d'exclusion dans l'Eglise et dans la société qu'ils en ont mis à dénoncer le mariage pour tous, il n'y aurait plus un seul pauvre à l'entrée de nos

églises. »

     

 

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 11:50
LOGO SSVP

 

Le logo et sa signification se lisent comme suit :

 

 

 

Le poisson symbolise la chrétienté et ici, il représente la Société de Saint-Vincent de Paul.

 

L'œil du poisson est l'œil vigilant de Dieu qui cherche à aider ceux d'entre nous qui sont dans le besoin.

 

Le croisement - ou nœud - de la queue représente l'union et l'harmonie entre les membres de même que l'union avec les personnes dans le besoin.

 

Le cercle qui entoure le logo représente la qualité planétaire, ou mondiale, de la SSVP, une organisation internationale.

 

Les mots « serviens in spe » signifient « servir avec espoir », l'espoir qui nous vient de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

 

 

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 08:43

 

Dossier fraternité

TC n° 3537 9 mai 2013

« Qu’ai-je fait de mon frère ? »

Par Témoignage chrétien

« Qu’ai-je fait de mon frère ? »
 
TÉMOIGNAGES - « Qu'as tu fait de ton frère ? » Témoignage chrétien a posé la question à François Soulage, président du Secours catholique, au rappeur et écrivain Disiz, à Dominique et Arlette Sauvage, équipiers actifs de la Cimade, à l'ex-magistrate Muriel de Fabrègues et à Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général de la Conférence des évêques de France. Ils répondent.
ReconnaÎtre son existence François Soulage, président du Secours catholique.

Quel est mon frère dont je dois m’occuper ainsi, auquel je dois prêter une attention particulière ? Ce frère, il est celui qui est dans le besoin, qu’il s’agisse de besoin matériel ou de besoins spirituels. Ce frère, c’est celui qui, fragile, n’arrive pas à trouver sa place dans notre société, vit mal une relation familiale ou conjugale, mais c’est aussi, tout simplement, celui qui vit à mes côtés, dans ma rue, dans mon quartier, que je rencontre dans mon église, et auquel je n’adresse jamais la parole.

Pourtant le regard, comme la parole, est le premier signe de l’intérêt que l’on porte à une personne. Non pas un regard qui juge mais un regard qui fait exister, qui démontre à la personne rencontrée qu’elle existe à mes yeux.

Ce que je fais à mon frère, c’est d’abord reconnaître son existence à mes côtés, accepter de l’écouter, puis ensuite l’accompagner pour qu’il puisse se reconstruire et retrouver peu à peu la liberté indispensable qui est de pouvoir choisir sa vie.

C’est d’abord à la rencontre du frère différent de moi qu’invite la démarche Diaconia. Une rencontre pour découvrir, ou redécouvrir, le monde qui nous entoure avec ses merveilles et ses fragilités, qui, dès lors qu’elles sont clairement révélées, nous obligent à revenir sans cesse au message de l’Évan­gile : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés.

Dans nos communautés chrétiennes, les fruits de cette démarche devraient être une présence plus grande des réalités économiques et sociales de la société humaine au sein de laquelle se situe la communauté chrétienne, et à travers cela, permettre aux membres de cette communauté de discerner ce que le monde, qui est autour d’eux, attend des chrétiens.


« Les frères que j’ai choisis »

Disiz, rappeur, écrivain et acteur français originaire d’Évry.

À la question : « Qu’ai-je fait de mon frère ? », je répondrai : « Qu’est-ce que mon frère a fait de moi ? » La fraternité est celui des trois piliers de la devise de la République française qui est le plus friable. Qu’on le veuille ou non, on ne grandit pas dans la même famille en France, on tente juste de la recomposer d’année en année et de projets en projets.

On ne choisit pas ses frères et sœurs au sens premier de la fratrie, mais étant fils unique j’ai dû choisir les miens. Malgré mon métissage (mère Française, père Sénégalais), quand je regarde les frères que j’ai choisis, ils viennent tous du même milieu social, ont à peu près tous la même croyance en Dieu et, toutes couleurs confondues, ce même ressentiment envers la France.

Donc, à la question : « Qu’ai-je fait de mon frère ? », si l’on parle des mes « vrais » frères – j’entends par là tous ceux que j’aime du plus profond de mon cœur, mes semblables issus des quartiers populaires du pays, ceux que ni le temps ni la distance n’ont réussi à séparer dans la perception de l’âme, ceux qui ont connu et connaissent encore le même questionnement intérieur sur leur rôle et leur place au sein de la Famille française, ceux qui se vexent, s’attristent, se mettent en colère parfois, mais surtout s’inquiètent quand ils voient l’image trouble et déformée que le reste de la Famille a d’eux –, à cette question, donc, je répondrai que ce frère je l’ai toujours aimé et que je l’ai toujours poussé malgré tout à ne pas se séparer des autres membres de la Famille.

Même si tout porte à croire que ces autres membres, soit ne le considèrent pas comme tel, soit ne l’apprécient que pour ses aspects les plus divertissants. Comme si implicitement, tous les autres membres de la Famille nous rappelaient consciemment ou inconsciemment, avec cruauté parfois, maladresse souvent, que nous n’étions non pas, nous aussi, les enfants de la patrie, les frères de la fratrie, mais les enfants d’une famille d’accueil.


Elle m’a dit : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

Dominique et Arlette Sauvage, « équipiers actifs » du groupe local de la Cimade Ardennes.

Quel frère, quelle sœur ? Ah, oui, la grande famille humaine, laquelle n’a pas encore compris qu’elle est une et devrait tellement être unie.

Quand ? Depuis la nuit des temps jusqu’à maintenant, période terrible où l’on se croit civilisé alors que nous avons seulement obtenu d’étonnantes avancées technologiques, où notre superflu nous est rendu indispensable, alors que la grande majorité de nos frères et sœurs manquent de l’essentiel, ici et au loin.

Où ? Sur toute la terre, bien sûr, notre petit village lové autour d’une bien modeste planète, mais aussi et d’abord au coin de notre rue, devant notre porte, et pourquoi pas dans notre famille même (mais si !).

Comment ? Si on a la chance de prendre naïvement au premier degré et d’accepter l’idée que tous les hommes et toutes les femmes sont frères et sœurs, tout est alors facile et évident, comme pour l’auvergnat de Brassens et ses quatre bouts de bois, l’hôtesse et son pain, l’étranger et son sourire…

Mais cette fraternité (et sororité), annoncée et affichée, reste trop souvent strictement une théorie. Peur d’être jugé, peur de mal faire ou de faire mal, peur d’être trompé, de devenir objet de risée, peur de perdre du temps, de l’argent, de l’indépendance, que de motifs qui nous retiennent de nous lancer sans retenue, avec simplicité dans cette aventure.

Pourtant la « charité » devient alors partage, l’écoute devient échange et la compassion se transforme parfois même en amitié. On croit donner, et on reçoit tellement. Salut et Fraternité, à vous tous frères et sœurs humains.

La dure réalité du vivre-ensemble

Muriel de Fabrègues, ancienne magistrate et maître de conférences à l’université Panthéon – Assas.

J’ai eu le privilège d’exercer comme substitut du procureur au tribunal de Bobigny, puis au Pôle financier pendant cinq années. Ce fut une expérience riche et marquante. En effet, se voir confier le pouvoir de juger des hommes et des femmes n’est pas une mission banale. J’ai perçu, chez mes collègues magistrats, ce que j’ai également découvert chez mes jeunes étudiants en droit, désireux d’entrer dans la magistrature, une vocation particulière, ou un appel : « Mets-toi au service de tes frères et travaille à mettre de la paix entre les hommes. »

Je crois sincèrement que chaque magistrat a ressenti à un moment de son histoire cette orientation profonde pour s’occuper de ses frères. Puis vient la confrontation avec la réalité du vivre-ensemble social, dans lequel se mêlent violence, vice, fuite, tromperie et mal.

Avec la loi comme table de travail et le corps judiciaire comme armure de protection, le juge lutte contre l’injustice. Mais la tâche s’avère extrêmement difficile : les injustices sont trop nombreuses. L’équipement du juge s’apparente parfois à un dé à coudre, alors qu’on lui demande de vider un cargo rempli d’eau.

Dans ces conditions, le juge doit se résoudre à sa mission de préserver l’intérêt général. Ce qui le place de fait en dehors de tout projet utopique ou personnel. Et c’est ainsi que la justice des hommes n’est pas celle de Dieu : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ! »


Changer de regard

Père Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général de la Conférence des évêques de France.

Dieu ne cesse d’avoir avec l’humanité une relation qu’expriment deux questions : « Adam, où es-tu ? » et « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Et ce n’est pas très étonnant que ces deux questions soient fondatrices. L’homme ne peut se trouver, l’homme ne peut se réaliser que s’il prend en compte son frère.

Dès les commencements d’ailleurs, ils furent deux pour qu’aucun ne puisse se suffire à lui-même. Le frère est celui que je reçois. C’est lui qui me donne d’être moi-même en prenant soin de lui. Le principe de solidarité que la Doctrine sociale de l’Église développe est la traduction du lien qui unit, qu’ils le veuillent ou non, tous les hommes entre eux.

Le frère pour nous est cette multitude d’hommes et de femmes aimés par le père d’un amour inconditionnel et qu’il nous demande d’aimer, d’aimer en servant, d’aimer en respectant, d’aimer en faisant grandir. Et, dans cette mission qui nous incombe, le regard est sans doute ce qu’il y a de plus fort. Car le regard peut transpercer ou illuminer.

Dieu ne cesse de nous presser de changer de regard pour que nous nous ajustions à celui qu’il nous porte : un regard de tendresse et d’espérance. C’est ce juste regard qui nous empêche de faire de l’autre un instrument de notre propre volonté.

Tout est dans le ton. Je n’imagine pas Dieu vociférant envers Caïn. Je l’imagine simplement et douloureusement attaché au bonheur de ses enfants. Nul reproche dans la voix mais l’appel pressant à faire vivre l’autre, ce frère donné. Cet appel prend corps en Jésus, Christ et Seigneur, serviteur doux et humble. Cet appel se fait plus pressant encore car le Christ, notre frère, se donne à voir dans le prisonnier et le malade, dans l’affamé et l’homme nu. Cet appel est celui de l’exigence de la vie, car on sait bien qu’on n’a jamais fini d’aimer.
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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 08:11

 

Dossier fraternité

TC n° 3537 9 mai 2013
Frères et sœurs d’exclusion

Par Marc Endeweld

Martin Luther King, le 28 août 1963, à Washington, quelques minutes avant de prononcer son célèbre discours « I have a dream ». Copyright : AFP
  La fraternité amène à constituer des « nous ». Une force pour les faibles, les opprimés, les exclus. Quand le lien fraternel se conjugue avec communautés.
Lors d’une conférence à l’automne 2012 devant des Francs-maçons, Régis Debray expliqua : « La fraternité, c’est toujours le fait d’une minorité. Les majorités n’ont aucune rai­son d’être fraternelles. La fraternité, c’est la seule force que l’on a quand on est faible. La fraternité rime avec fragilité. La vulnérabilité fait lien . »

De fait, la fraternité, cet « angle mort » du discours politique majoritaire d’aujourd’hui, a toujours été le moyen d’engager des luttes minoritaires. Cette « part nocturne, maudite et motrice, de la caravane humaine, jacqueries et révoltes, sentiment d’humiliation, sursauts de colère, besoin de dignité », souligne d’ailleurs Régis Debray dans Le moment fraternité. Et l’intellectuel de faire référence aux Canuts insurgés de la Croix Rousse, ou aux Communards à Paris.

combats minoritaires

Mais, plus proche de nous, on pourrait davantage évoquer le mouvement des droits civiques aux États-Unis et l’affirmation des Noirs, comme celle des gays, lesbiennes et trans, depuis la fin des années 1960. Dans ces combats minoritaires, le sentiment fraternel naît, comme lors des constructions nationales au XIXe siècle, de moments mythiques et mythifiés : c’est en 1955, le boycott des bus de Montgomery, déclenché à la suite de l’arrestation de Rosa Parks qui refusait de laisser son siège, dans un bus, à un Blanc. Mais ce sont également les émeutes de
Stonewall : une série de manifestations contre un raid de la police – qui a eu lieu dans la nuit du 28 juin 1969 à New York, au Stonewall Inn –, à l’origine du mouve­ment des droits civiques pour les homosexuels, aux États-Unis et partout dans le monde.

La fraternité est donc une arme contre l’exclusion, la stigmatisation : « Le fraternel, plus latino et africain qu’européen, respire à l’aise dans les colored people, mais il a l’asthme chez les white only », note d’ailleurs Debray. « Brothers, sisters, hermanas, hermanos », cette fraternité est « l’orgueil des banlieues, la fierté des terrains va­gues », ajoute-t-il. Pour ne pas être excluante, la fraternité doit être capable de dépasser les barrières : « Être fraternel, c’est faire famille avec ceux qui ne sont pas de la famille… car la fratrie c’est souvent la férocité », note Debray.

I have a dream

La fraternité, ce n’est donc pas nier les différences, mais faire avec. À la différence de l’humanisme, la fraternité peut rassembler sur la dissemblance et sait transformer l’humiliation en fierté. « Il est difficile d’être un homme. Mais pas plus de le devenir en approfondissant sa communion qu’en cultivant sa diffé­rence », écrivait André Malraux dans Le temps du mépris. Et le pasteur Martin Luther King, dans son fameux dis­cours « I have a dream » prononcé en août 1963, en appelait à la fraternité entre Noirs et Blancs.

Mais cette fraternité noire qui a porté la lutte pour les droits civiques aux États-Unis était rendue possible, selon Régis Debray, par la force du patriotisme américain, «  la One Nation under God », qui permet, en principe, un métissage de communautés par le haut. À l’inverse, selon lui, « la France ressemble à un vaisseau de cathédrale désaffectée dont le chœur s’est écroulé, mais à laquelle, on ne se cesserait d’ajouter, sur les colla­téraux, chapelles et diverticules ».

L’enjeu est donc bien de faire du même avec de l’autre, et non du même avec du même. Paradoxalement, dans une société où les individus jouissent d’appar­tenances multiples, le rêve d’une société fraternitaire est peut-être, contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire certains Cassandres médiatiques, plus que jamais à notre portée.
Et c’est peut-être ce qui fait peur aux puissants.
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