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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 08:03

La SSVP contre la solitude - Chiffres été 2013

Selon une étude de la Fondation de France parue fin juin 2013, l’isolement touche cinq millions de personnes en France !
12% des Français sont concernés par la solitude, mais près d'un quart des personnes interrogées (24%) déclarent la ressentir. Déjà en 2011, la Société de Saint-Vincent-de-Paul a fait de la solitude la Grande Cause nationale et a alerté l'opinion public de l'ampleur de cette nouvelle pauvreté. Aujourd'hui, elle continue d'agir directement auprès des personnes touchés par ce fléau.

Selon une étude de la Fondation de France parue fin juin 2013, l’isolement touche cinq millions de personnes en France !
12% des Français sont concernés par la solitude, mais près d'un quart des personnes interrogées (24%) déclarent la ressentir. Ces personnes, qui ont peu de contacts avec leurs réseaux familiaux ou amicaux peuvent, à la suite d’un coup dur, type licenciement, maladie, déménagement, glisser du sentiment de solitude, à une solitude réelle.

Bertrand Ousset, Président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul rappelle que l’association a déjà alerté l’opinion public de l’ampleur de cette nouvelle pauvreté. En 2011, elle a œuvré avec succès pour faire de la solitude la Grande cause nationale.
Aujourd’hui, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul continuent d’agir directement, auprès de nouveaux publics touchés par la solitude.


« C’est difficile financièrement et moralement. Il y a quelques années, j’étais en plein désarroi car je me sentais très seule. J’ai mes enfants mais aucun je n’avais aucun adulte à qui confier mes soucis. »
Sandrine n’a jamais eu les moyens d’emmener ses enfants en vacances. « Je n’y pensais même pas avant qu’une assistante sociale me parle de la Société de Saint-Vincent-de-Paul ». À l’été 2011, grâce à l’association, la petite famille passe une semaine à Blériot-Plage (Pas-de-Calais).
« J’ai retrouvé le goût de vivre et la force d’aller de l’avant ».
Aujourd’hui, malgré les difficultés matérielles, Sandrine a le sourire et des amis à qui parler. Elle est investie dans sa paroisse et anime des groupes à l’aumônerie de l’enseignement public. Elle a de l’espoir à partager : « Finalement, si on cherche bien, on n’est jamais vraiment seul. »
(Témoignage recueilli par Marie-Valentine Chaudon, extrait de Pèlerin n°6814 – 4 juillet 2013).
Cet été encore, Sandrine et ses deux enfants auront l’occasion de profiter de vacances grâce à la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Loin des difficultés du quotidien, ils pourront se reposer et de détendre, en famille.


Les personnes concernées ne sont pas toujours celles qu’on imagine.
Les plus touchés par ce fléau sont les jeunes et les personnes âgées. Les plus de 75 ans sont 24 % à souffrir de solitude (contre 16 % en 2010). Les 18-29 ans sont 6% à en pâtir contre 2 % en 2010. Certains jeunes qui subissent la crise et peinent à trouver un emploi, se sentent « inutiles ». Ils ont honte de leur isolement, ce qui le rend très difficile à détecter.
"La pauvreté reste déterminante dans la solitude", souligne aussi l'étude. Le chômage fait d’ailleurs partie des facteurs aggravants.

CHIFFRES CLES
50% n’échangen
t plus qu’un « bonjour » avec leurs voisins
40% des familles monoparentales ressentent la solitude
39% des personnes voient peu ou pas leur famille et proches
13% des personnes isolées fréquentent les réseaux virtuels
12% des Français souffrent de solitude

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 10:03
laprovence.com/
Le numéro contre la solitude peine à se faire connaître
Salon-de-Provence / Publié le vendredi 10 mai 2013 à 16H59

Mis en place en novembre dernier, le dispositif met du temps à se mettre en place

 

La lutte contre la solitude a été déclarée grande cause nationale de l'année 2011. Depuis ce constat alarmant, la ville de Salon a fait son possible pour répondre à ce problème qui touche un grand nombre de personnes. En novembre dernier, la Ville, le Secours catholique, la Croix Rouge, l'Équipe Saint-Vincent de Paul et les centres sociaux lançaient un numéro vert d'écoute pour les personnes touchées par la solitude. Cinq mois après sa mise en service, le dispositif peine à se faire connaître auprès des personnes victimes d'isolement.

À la manière de SOS Amitié, le numéro contre la solitude a pour vocation d'écouter les personnes seules, de les réconforter et de les aiguiller vers les structures de la ville adaptées. "On a souhaité apporter une réponse locale qui n'existait pas jusqu'alors", souligne Michel Prorel, élu délégué au centre communal d'actions sociales (CCAS). Pour ce faire, le CCAS a étudié en détail le réseau local. Chaque bénévole dispose d'une fiche pratique où les numéros des structures y sont inscrits.

 

Un travail de longue haleine

 

"On a reçu 57 appels depuis la mise en place du service. Il faut laisser le temps au temps", commente Michel Prorel. Si à première vue, ce chiffre semble faible, l'équipe, elle, ne s'attendait pas à un tel résultat. "C'est déjà très bien que 57 personnes aient eu le courage de nous appeler", relate Jean-Marie Houin, le président de la société Saint-Vincent de Paul. L'équipe, composée de 11 bénévoles a recensé deux types d'appels. "Il y a d'un côté les gens qui se sentent seuls et qui ont besoin d'écoute et de l'autre ceux qui ont des problèmes et que l'on oriente vers la structure adaptée".

Pour l'heure, les écoutants n'ont jamais reçu deux appels d'une même personne mais ils ont déjà eu affaire à des menaces de suicide.

Être à l'écoute n'est pas chose simple. Les volontaires ont suivi un apprentissage pour ne pas prononcer de paroles déplacées et gérer les situations d'urgences. Le collectif se réunit tous les deux mois pour faire le point et être vigilant sur les appels reçus.

Pour l'heure, une stratégie de communication va être lancée jusqu'au mois de septembre pour faire connaître le dispositif au plus grand nombre. "Au début, on a tâtonné et peu de gens avaient entendu parler du numéro vert. Il y a un vrai travail de communication à développer", confie Anne-Marie Cheinet, directrice du centre social Aagesc (Association pour l'animation et la gestion des équipements sociaux des Canourgues).

Les acteurs du projet souhaitent également l'élargir. Ils sont en train de mettre en place un dispositif d'action avec la prison pour faciliter la réinsertion des anciens détenus.

Nºvert pour lutter contre la solitude 0800 746 572. Appel gratuit depuis un poste fixe.

 


En bref

Temps d'écoute

 

Le numéro vert mis en place pour lutter contre la solitude fonctionne actuellement 5 jours sur 7 de 9h à 12h et de 14h à 17h. Ces horaires sont loin de faire l'unanimité quand on sait que les plus grands moments de solitude atteignent leur pic le soir et le week-end. Face à ce problème d'emploi du temps, la Croix Rouge s'est rétirée du projet. "Les bénévoles attendaient chez eux les appels toute la journée alors que les gens ont tendance a appeler en soirée. On a souhaité privilégier les actions immédiates", confie Michel Roux, vice-président départemental en charge de la communication de la Croix-Rouge. Le CCAS désire élargir ce temps d'écoute.

 

Infos pratiques

 

Rapide et efficace, le fonctionnement du numéro vert est simple. Les personnes qui se sentent seules peuvent composer le : 0 800 746 572, du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h. Le numéro est gratuit depuis un poste fixe. Onze écoutants bénévoles issus du milieu associatif et formés répondent aux questions de l'appelant et le dirigent vers des structures locales adaptées.

A moindre coût, le dispositif ne nécessite pas de local, il revient à moins de 25€ par mois pour la ligne téléphonique. Les écoutant volontaires reçoivent les appels directement sur leur téléphone personnel. Le CCAS recherche des bénévoles, contactez le 04 90 56 88 66.

 

Liens

http://www.laprovence.com/

 

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 08:03

« Les personnes âgées ont besoin de parler »

le 02/03/2013 à 05:00 par B. Montaggioni
Chaque semaine, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul partagent du temps avec des retraités isolés. Photo Céline Marcon

Chaque semaine, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent-de-Paul partagent du temps avec des retraités isolés. Photo Céline Marcon

       
Chaque année au mois de mai, les bénévoles de la Société de Saint-Vincent de Paul lancent leur grande campagne contre la solitude. Mais ce combat, ils le mènent en réalité tout au long de l’année : « Pour les personnes âgées isolées, il n’y a pas vraiment de différence entre l’hiver et l’été. La solitude est la même. Mais c’est vrai qu’en hiver, les personnes qui vivent en ville hésitent à sortir de peur de chuter et perdent parfois le seul lien social qui leur restait », explique Claude Damiens, la présidente départementale. Chaque semaine, les bénévoles de la société Saint-Vincent de Paul rendent visite à des personnes âgées souffrant de solitude.
Une dizaine de personnes sont ainsi suivies dans le Mâconnais, une douzaine autour de Chalon, des bénévoles sont aussi présents sur Montceau. Mais c’est en milieu rural que les besoins semblent les plus grands, puisqu’une vingtaine de personnes sont accompagnées dans le secteur de Gueugnon et Issy-l’Évêque. Et les besoins des personnes âgées sont souvent très simples : « Elles ont surtout envie de parler, que quelqu’un les écoute. Elles racontent leurs journées, on boit un thé on joue au Scrabble ou au tarot. Ces moments sont essentiels pour des personnes âgées, parfois handicapées et dont les familles ne sont plus là ou vivent très loin », commente Claude Damiens. Pour que le lien ne soit jamais rompu, les bénévoles de Saint-Vincent de Paul fonctionnent d’ailleurs en binôme : « Lorsque l’un d’entre nous ne peut pas se déplacer, le deuxième est toujours là pour se rendre chez la personne qui attend une visite. »
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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 10:05

Vivre seul, un nouvel Eldorado ?

La solitude est le mal du siècle. Elle devient protéiforme et va croissant. Selon les statistiques, plus d’un Français sur dix vivrait seul. La lutte contre la solitude était déclarée grande cause nationale en 2011. Un an après, aucune régression n’est constatée : en février 2012 l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) notait une forte progression des personnes vivant seules en France - plus de 9 millions.

par Quitterie Puel sur www.frituremag.info. L'intégralité de l'article sur notre site.

Un rapport de l’observatoire de la Fondation de France publié cet été a noté que presque 5 millions de Français éprouvent un sentiment d’abandon, d’exclusion ou d’inutilité, soit 3% de plus qu’il y a 2 ans. Tandis que le progrès technique permet la multiplication des interactions et diminue les distances géographiques, certaines personnes ne se sont jamais senties aussi seules. Cet isolement relationnel trouverait ses sources dans le délitement croissant du lien social. Qui est concerné ? Comment cette solitude se manifeste-telle ? La solitude est-elle plus prégnante sur certains territoires ? Que révèle-t-elle sur notre société et quelles solutions pourrait-on y apporter ?

Ne pas trouver sa place

La solitude est une situation métaphysique où la personne ressent une distance avec son entourage. La première expérience est vécue par le nourrisson lors la séparation d’avec sa mère. C’est un sentiment irréductible à l’humain - seul face à la maladie et à la mort - qui n’est pas forcément lié à un isolement matériel réel. « La solitude c’est un mal qui attaque ce tissu relationnel, qui le défait, le délite » analyse la Fondation de France. Parmi les Français, 11% n’ont aucun réseau de sociabilisation et peuvent être considérés comme objectivement seuls ; pourtant 21 % déclarent se sentir abandonnés, exclus ou inutiles. Plus que de n’avoir personne sur qui compter, c’est l’impression d’être nié en tant qu’individu qui est le plus difficile à vivre. Ne pas avoir sa place parmi les autres. Bien que ce sentiment soit subjectif et relatif, il n’en génère pas moins une souffrance réelle et profonde. En mai dernier, lors d’un séminaire sur les solitudes contemporaines la sociologue Cécile Van de Velde distinguait solitude et isolement : « La solitude n’est pas l’isolement. Celui-ci répond à un statut tangible, objectivé par des indicateurs de rareté des liens ; tandis que celle-là relève d’une expérience subjective. Le sentiment de solitude peut être conjugal, tandis que bien des modes de vie apparemment solitaires peuvent renvoyer à une intégration sociale effective. » Au-delà du nombre des contacts sociaux, la solitude peut se mesurer à leur qualité : pour 12% des Français la solitude s’explique par le manque de disponibilité et au désintérêt des autres. D’ailleurs, près d’un quart des personnes isolées utilisent les réseaux sociaux.

Pauvreté et précarité, facteurs aggravants

Jusque-là la solitude était principalement liée à la vieillesse. Désormais, nul n’est épargné : solitude des personnes âgées vivant à leur domicile ou en maison de retraite, mais aussi solitude des adolescents, solitude conjugale, solitude du chômeur … La part de la population en situation d’isolement progresse, avec une fragilisation des 30-40 ans, des personnes vivant seules, résidant dans les grandes agglomérations et sur le parc social. Ce rajeunissement ne doit toutefois pas masquer la dégradation de la situation des personnes âgées, en particulier lorsqu’elles sont exposées à la pauvreté : la solitude des personnes âgées a augmenté de manière sensible, passant de 16 à 21%. Chez les trentenaires, elle a été multiplié par 3. La Fondation de France a noté une forte progression de l’isolement relationnel, qui s’étend désormais aux jeunes et aux travailleurs précaires et une extension du risque d’isolement aux foyers ayant des revenus modestes (1 000€ à 1 500€). Le rapport souligne que les victimes de l’isolement sont en général des personnes seules, sans enfant, peu diplômées et qui ont du mal à trouver leur place dans le monde du travail. Si 21% des Français affirment se sentir seuls, un sentiment éprouvé sans distinction de sexe, de profession ou de lieu d’habitation, le chiffre double quasiment chez les personnes ayant des revenus inférieurs à 1.000 euros par mois (38% éprouvent un sentiment de solitude ou d’isolement). Ce qui vient confirmer une enquête de 2011, commandée par la Société saint-Vincent de Paul alors organisatrice de la Lutte contre la solitude, qui indiquait que les adolescents et jeunes adultes se sentaient de plus en plus seuls ou exclus.

Le mythe d’une solitude territorialisée

La part de solitude ressentie varie-t-elle selon l’endroit où l’on habite ? Le taux d’isolement reste inchangé en milieu rural mais il s’accroit dans les grandes villes, passant de 8% à 14%. Cependant il faut noter que la ville a la spécificité d’accueillir de nombreuses personnes seules ; «  Grande ville, grande solitude » disait Francis Bacon. Ainsi, l’INSEE notait une progression des personnes vivant seules aujourd’hui en France, notamment avant 60 ans avec un accroissement marqué entre 30 et 59 ans particulièrement en Ile-de-France et en Midi-Pyrénées.

Mais vivre seul peut être un choix de vie voire un gage de liberté qui n’implique pas fatalement une souffrance. Gérard Amigues, qui a exercé pendant 40 ans comme médecin dans la campagne lotoise, confirme que la solitude serait ressentie plus fortement en milieu urbain qu’à la campagne où la tradition de solidarité est solidement ancrée. Le développement de structures d’accompagnement comme les réseaux de proximité des aides ménagères en zone rurale (ADMR) a transformé considérablement la vie des personnes dépendantes en milieu rural et pallié en partie la disparition du facteur ou des visites à domicile du docteur. Pour Cécile Van de Velde l’existence d’une solitude géographiquement territorialisée est un mythe : « Les enquêtes récentes se rejoignent pour montrer l’absence de structuration territoriale signifiante de ce phénomène. La solitude ne se territorialise pas de façon distinctive entre les zones urbaines, zones périurbaines et zones rurales. Sauf dans les cités HLM. Mais cela est sans doute lié au fait que la solitude relationnelle et sociale se conjugue souvent avec pauvreté, chômage, retraite et peu de diplôme. »

Le travail n’insère plus socialement

Ainsi, en 2012, le travail ne joue plus son rôle d’insertion sociale. La crise économique qui augmente la précarité de l’emploi et des conditions de travail y est pour quelque chose. Les travailleurs pauvres et les travailleurs indépendants sont les plus exposés au risque d’isolement. Et les hommes sont aujourd’hui sensiblement plus fragilisés que les femmes. La raison : leurs sociabilités semblent encore très dépendantes de leur activité professionnelle. Au-delà, 27% des Français en emploi disent ne pas construire des relations autres que strictement professionnelles avec leurs collègues. Nous disposons généralement de plusieurs réseaux de sociabilité, la famille, le travail et les amis constituant un premier cercle d’intégration ; les autres réseaux sont tissés de liens plus faibles. La Fondation de France a souligné que les premiers cercles d’intégration ne jouent plus leur rôle.

Solitude et délitement des liens

Nous vivons plus âgé, nos modèles familiaux sont en mutation, nos déplacements sont plus fréquents et avec la crise économique, l’emploi évolue et se fragilise. L’extension du domaine de la solitude ressort-elle d’une dégradation conjoncturelle, liée notamment à la crise, ou s’agit-il d’un mouvement plus structurel allant dans les sens d’une dégradation durable du lien social et d’une difficulté des individus à inventer leur vie relationnelle et à cultiver leurs appartenances ? Jean-Louis Sirven, bénévole à La Porte Ouverte Toulouse depuis 1979, a pu observer l’évolution de la solitude à travers les entretiens. «  J’ai vu grandir ce processus. Les relations de quartier ou de famille se sont amenuisées. Et le travail ne joue plus son rôle d’insertion sociale. La solidarité a été remplacée par une communication unilatérale qui a dégradé la relation sociale. Les gens retrouvent chez nous l’authenticité d’un lien. Notre association d’écoute non directive en face à face assure une veille sociale qui nous dit qu’un humanisme doit être réinventé. Cette désolidarisation fait sûrement l’affaire du pouvoir mais pas celle de la personne. » L’hyper-individualisme est encouragé, l’assouvissement de ses propres désirs devient prépondérant et cette culture de la réussite individuelle est jointe à l’impératif de la performance.


Les Solitudes en France
Rapport 2012 Fondation de France

11% de Français en situation d’isolement relationnel
9% des Français se sentent inutiles
+ 800 000 personnes touchées en 2 ans
27% ont un seul réseau social
Travail :
38% des personnes ayant des revenus inférieurs à 1000 € par mois éprouvent un sentiment de solitude ou d’isolement
8% des actifs est en situation d’isolement relationnel
Habitat
56% n’entretient pas de relations avec ses voisins au-delà des quelques mots de politesse
HLM : doublement (22%) des personnes isolées
14% des habitants des grandes métropoles en isolement relationnel
Rajeunissement population isolée (moyenne de 54 ans)
21% séniors isolés
C’est en Île-de-France que les personnes habitent le plus souvent seules

La solitude serait le revers de ce que Gilles Lipovetsky appelle la «  seconde révolution individualiste  », encouragée par les sociabilités virtuelles qui se développent via les réseaux sociaux sur internet et valorisent la popularité voire la célébrité. Il faut néanmoins noter que si la solitude numérique existe, les plus connectés sont souvent les plus intégrés socialement. L’humain est un être de relations qui a besoin de nouer des liens avec les autres. Pourtant, l’altruisme est une valeur en déclin et l’autre apparaît de plus en plus comme un obstacle à son épanouissement personnel, comme un concurrent. C’est la « La fatigue d’être soi » d’Alain Ehrenberg, revers de la crise de notre société : une plus grande liberté implique nécessairement une solitude dans nos choix.

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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 06:55
Solitude des âgés : Michèle Delaunay lance un appel aux Français
Canicule ou pas, les Français ont un devoir de solidarité et de fraternité envers les plus âgés.
Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’autonomie, a visité ce jeudi 19 juillet 2012 la maison de vacances des petits frères des Pauvres de Morainvilliers (78).
A cette occasion, la ministre a lancé un appel aux Français, afin qu’ils portent une attention toute particulière aux âgés, qui souffrent parfois d’une extrême solitude pendant l’été.
Canicule ou pas, les Français ont un devoir de solidarité et de fraternité envers les plus âgés.
« Je lance un appel à tous les Français : chacun de nous doit faire preuve de sollicitude à l’égard des âgés », a déclaré la ministre lors d’un point de presse organisé à l’issue de la visite.
« Beaucoup d’âgés souffrent de solitude pendant ces deux mois de vacances, surtout les plus précaires. La famille est loin, les voisins partis, les commerces de proximité fermés, le quartier déserté… L’Etat, les collectivités locales, les associations sont mobilisées, mais cette mobilisation ne doit pas se substituer aux solidarités familiales et de voisinage. Nous devons promouvoir une société de l’attention à l’autre. Chacun de nous a un âgé parmi ses proches, chacun de nous est concerné. Et j’appelle tous les Français à une attitude citoyenne de solidarité et de fraternité», a poursuivi Michèle Delaunay.
Au cours de sa visite au château de Morainvilliers – une belle bâtisse entourée d’un grand parc- la ministre a pu échanger longuement, dans un climat très cordial et informel, avec les onze personnes âgées de 60 à 90 ans et les neuf bénévoles qui séjournent actuellement dans la maison de vacances des petits frères des Pauvres.
Originaires de Lille, ces personnes échappent cet été à une grande solitude grâce à l’action exemplaire des petits frères des Pauvres.
Depuis 1946, les petits frères des Pauvres accompagnent, dans une relation fraternelle, des personnes – en priorité de plus de 50 ans - souffrant de solitude, de pauvreté, d’exclusion, de maladies graves.
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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 18:01

Accueil Dossier actualités Près d'un jeune sur deux souffre de la solitude !

Près d'un jeune sur deux souffre de la solitude !

pas d'image courante

 

Paris, le 5 juin 2012. Pour la 8e année consécutive, la SSVP lance, le week-end de la Pentecôte, sa Campagne nationale de lutte contre la Solitude, pour faire réagir l’opinion publique. Elle s'inscrit dans la suite de l'année Grande Cause nationale 2011 contre la solitude. A cette occasion, elle a réalisé avec Mediaprism une grande enquête sur les nouveaux visages de la solitude, en l’occurrence celle des jeunes. L’enquête porte sur les 18-35 ans.

 

Retrouvez l'intégralité de cette enquête en cliquant ici : telecharger.gif

 

Analyse de l'enquête sur la solitude des jeunes par Anne Battestini :


4 jeunes sur 10 souffrent de solitude subie et 55% sont conscients qu’Internet favorise la solitude. Y a-t-il un lien de cause à effet réel entre Internet et le sentiment de solitude ou Internet accentue-t-il une tendance de fond de la société française ?

La solitude réelle ou ressentie naît de deux causes, ne pas se sentir entouré et/ou ne pas ressentir d’affinité avec son entourage. Trouver sa place et ses repères dans la société permet de dépasser ce mal être, de ne plus se sentir seul. Mais, aujourd’hui avec la crise et les pertes de repères, le sentiment de solitude apparaît comme plus prégnant. D’une part, parce que justement, le sentiment d’ancrage est de plus en plus difficile à avoir : les repères de la famille, du travail, du mérite sont bouleversés. Les Français ont l’impression d’être plus dans une société de la précarité et de la mobilité, ce qui était vrai hier ne l’est peut-être plus demain, en tous les cas pas aujourd’hui… et d’autre part, parce que les nouvelles technologies offrent l’illusion d’une communication facilitée. Avec les réseaux sociaux et la téléphonie mobile, les frontières du temps et de l’espace s’effacent, on a aisément le sentiment d’être en lien perpétuel avec une communauté, un réseau d’amis. Or la réalité est plus contrainte que cela, moins de temps pour soi et pour les autres quand on est actif. Manque de lieux de socialisation réelle pour les inactifs. Aussi même si les jeunes cumulent plus d’une centaine d’amis sur Facebook, ils ressentent, tout comme beaucoup de Français, un fort sentiment de solitude.

Ce sentiment est lié à plusieurs causes liées au manque de temps, l’absence de lieu social pour les inactifs, la difficulté de trouver l’âme sœur… autant de manques personnels renforcés, en partie, par la moindre présence de valeurs et d’engagements fédérateurs.

L’absence d’ancrage, c’est-à-dire de points de repères stables est le premier facteur. L’ancrage premier dans un univers « réconfortant » est nécessaire à la construction de l’individu. Petit à petit, il pourra le quitter – ou non – en choisissant ses propres repères. Or l’ancrage géographique, familial, professionnel… est de plus soumis à l’instabilité. En effet, si a mobilité est une nécessité de l’époque, elle n’est pas toujours facile à vivre. Certaines personnes y sont mieux préparées ou disposées que d’autres. Les personnes qui se sentent en situation de précarité (affective ou professionnelle) sont plus fragiles ; il leur est difficile d’accepter le changement. Elles ont besoin de plus d’ancrage pour les aider à passer des étapes de vie instables.

Le second facteur est la défiance par rapport aux formes de collectif qui ont montré leurs limites et surtout leur pouvoir d’influence sur les individus. En premier lieu, la consommation, les médias et le politique sont les « formes de collectif » les plus critiquées. La défiance à leurs égards est d’autant plus mal vécue que les Français y sont attachés. Le souci est qu’aujourd’hui ils ne peuvent plus être insouciants, ne pas se soucier de l’avenir, croire dans les discours politiques, médiatiques… marketing. En même temps, ils ont grandi et/ou ont pris plaisir naturellement à beaucoup de loisirs qui avant étaient plutôt réservés à la bourgeoisie : la culture, le sport, les vacances… Ils partagent donc le sentiment d’être contraints, de manquer de temps pour se poser, pour profiter de la société de loisirs, d’être perdus dans l’échiquier social qui se caractérise aujourd’hui beaucoup par le déclassement social.

Ce manque d’emprise sur la vie se traduit aussi par la forte prégnance du passé. Le repli vers la nostalgie est une manière de penser que son présent et son avenir sont moins heureux qu’avant, en toute subjectivité. Encore une fois, ce sont les promesses et les imaginaires construits par le marketing, les médias et les politiques qui sont mis à l’index. Les restrictions en termes de loisirs et la difficulté à trouver des liens fiables sont mal ressentis. Les Français se sentent limités et impuissants. Les jeunes d’autant plus que c’est sur eux que reposent les espoirs des aînés pour faire évoluer la société vers le changement. Or ces jeunes sont à l’âge où l’on cherche encore ses repères. Cette génération a, de plus, grandi dans une société de loisirs et des nouvelles technologies qui leur ont montré un monde réel et virtuel sans limites auquel, néanmoins, ils savent ne pouvoir avoir accès (comme quand ils étaient des enfants).

Ils sont attirés par le monde et les autres mais craignent de s’y perdre aussi. S’ils ont grandi avec les nouvelles technologies, ils en connaissent aussi les travers, ceux d’une société de la surexposition et de la surreprésentation. On se donne à voir sous des facettes que l’on estime les plus attractives de soi, sans réellement révéler sa véritable identité et savoir qu’elle est sa place dans la société. Une société qui les sollicite beaucoup mais face à laquelle ils se sentent impuissants. Ils recherchent donc des rapports sociaux resserrés, des intimes choisis, sélectionnés au fil des années. Mais sont dans la méfiance continuelle.

Internet n’accentue pas le sentiment de solitude, il lui donne des visages multiples ; pour les populations les plus isolées, sans travail, en quête affective, c’est à la fois une manière de ne pas se sentir trop seul, de partager des moments mais c’est aussi un outil qui leur rappelle leur isolement quand ils se rendent compte que la virtualité prend le pas sur la réalité. Les nouvelles technologies jouent alors la fonction qui a été dédiée pendant longtemps à la télévision que l’on allume en bruit de fond. Les dialogues fictifs que l’on peut entretenir avec elle. La différence tient à ce qu’Internet offre la possibilité d’un partage, de naviguer en toute autonomie sur la toile, de changer de profil, de se perdre un peu plus parfois… Les jeunes ont grandi avec la société de surexposition de soi, ils ont besoin d’une éducation, surtout dans leur adolescence et préadolescence. Après, ils se construisent leurs repères sur la toile, mais les cherchent toujours à l’extérieur.


Anne BATTESTINI
Docteur en Sciences du Langage de l’Université de la Sorbonne Nouvelle et sémiologue
Auteur de l’étude ethnographique, « Ces Gens que l’on appelle les Français »

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 17:06
Pratique

Seniors : des adresses pour rompre la solitude

Constance de Buor - publié le 12/06/2012

Comment rompre la solitude? Existe-t-il des lieux de vie où la solidarité prendrait toute sa place? Comment continuer à participer à la vie de son quartier? Où rencontrer d'autres seniors? La Vie a sélectionné pour vous quelques initiatives prometteuses.

© flickr

© flickr

 

Vivre plus vieux, oui! Mais dans quelles conditions, au sein de quelle société? Parmi les plus de 60 ans, une personne sur cinq seulement vit en couple (enquête du Collectif "Combattre la solitude des personnes âgées", en 2006, auprès de 5000 personnes). 27% des plus de 60 ans vivent seuls : ni en couple ou avec des proches, ni en maison de retraite. L’isolement des personnes âgées est devenu un enjeu de société majeur. Comment rompre la solitude? Existe-t-il des lieux de vie où la solidarité prendrait toute sa place? Comment continuer à participer à la vie de son quartier? Où rencontrer d'autres seniors? Nous avons sélectionné pour vous des initiatives prometteuses et le meilleur d'internet pour susciter la rencontre !

France Bénévolat

30% des 60-69 ans et près de 20% des plus de 70 ans donnent du temps à une association. N'hésitez pas à leur emboîter le pas! Le site de France Bénévolat fournit de nombreux renseignements sur l'engagement bénévole. Retrouvez notamment des renseignements sur les grands réseaux associatifs présents en France (onglet « Associations ») et des documents sur les séniors et le bénévolat (« Documentation »). www.francebenevolat.org

Voisin-Age

Lancé il y a quatre ans par les Petits Frères des Pauvres, le réseau "Voisin-Age" met en contact des habitants d'un même quartier. Autour de chaque personne âgée, plusieurs "voisineurs" qui s'engagent à la contacter tous les quinze jours minimum pour papoter, déjeuner ensemble, aller se promener... La philosophie de Voisin-Age : "proximité, liberté, réciprocité, affinités". Tél : 01 49 23 13 55 / www.voisin-age.fr

Au Pair Mamy

Inspiré d'une initiative allemande, "Au Pair Mamy" met en lien des femmes en âge d'être grands-mères et des familles à l'étranger. Des "mamys" ont déjà tenté l'aventure en France et en Angleterre. D'autres partiront bientôt en Nouvelle-Calédonie, au Canada et en Irlande où elles seront logées et nourries contre des services rendus auprès des enfants. Tél : 09 72 29 83 43 / www.aupairmamy.com

Quintonic

Réservé aux 50 ans et plus, « Quintonic » permet à des personnes souhaitant élargir leur cercle d'amis de se rencontrer, région par région. Passées les présentations « en ligne », le but est de partager, dans la « vie réelle », des moments de loisirs : apéritif, bowling, cinéma, restaurant... Présent dans 52 villes de France, le réseau compte aujourd'hui 60 000 adhérents. http://quintonic.fr/

Unis-Cité

C'est l'une des missions proposées par l'association « Unis-Cité » à ses jeunes volontaires : chaque semaine, rendre visite à une personne âgée - en général repérée par le Centre communal d'action sociale. « Une visite, un sourire » entend aider des personnes très isolées à sortir pas à pas de la solitude et leur permettre de retrouver leur place dans le tissu local et les actions destinées aux seniors du quartier... www.uniscite.fr

Si, seniors

Madisons, mambos, country, tango... L'association parisienne « Si, seniors » propose des cours de danse en ligne (pas besoin de partenaire donc : tous reproduisent les uns à côté des autres les mêmes pas). Une activité tonique pour le corps, la mémoire, la concentration. La convivialité y est aussi cultivée via des pique-niques, des stages et la participation à de nombreuses manifestations. Tél : 01 40 44 43 79 / http://countryseniors.free.fr/

Ma Résidence.fr

"Ma Résidence.fr" est un réseau social à l'échelle de votre immeuble ou de votre quartier. Le site (pas spécifiquement réservé aux seniors) permet aux habitants d'un même ensemble, d'échanger des services ou des offres, et aux acteurs de la vie locale (commerçants et associations, syndics, bailleurs sociaux...) de communiquer avec les usagers. L'intérêt : des informations que vous n'iriez pas forcément chercher remontent jusqu'à vous. Un coup de pouce pour continuer à participer à la vie locale. www.ma-residence.fr

Colocation intergénérationnelle

De nombreuses associations mettent en lien des jeunes en recherche d'un logement et des seniors cherchant à la fois une présence chez eux et/ou un complément de revenus. Plusieurs formules, selon les associations : présence conviviale sans autre engagement contre un bas loyer ; présence tous les soirs, un week-end sur deux et la moitié des petites vacances contre un loyer inférieur ou gratuit ; courses et tâches ménagères parfois. D'un côté comme de l'autre, renseignez-vous bien sur les modalités et le suivi. www.ensemble2generations.fr / www.leparisolidaire.fr / http://digi38.org/reseau_lis (Réseau LIS) / www.reseau-cosi.com

Alternative à la maison de retraite et à la solitude, la colocation permet aussi certaines économies. Le réseau Cocon3s ou le site Coloc-senior permettent à des personnes tentées par ce mode de vie d'entrer en contact. La colocation est une aventure exigeante : prenez le temps de l'élaborer! www.cocon3s.fr / www.coloc-senior.fr

Old'Up

Lieu de réflexion et de « formation à la responsabilité citoyenne » destiné aux plus de 70 ans, l'association Old'Up, propose des ateliers de formation numérique au quotidien, des rencontres autour de la compréhension de l’actualité, des temps de réflexion sur les étapes du vieillissement et leur optimisation. Le principe : continuer à agir autour de soi en vieillissant, rester citoyen à part entière, investis dans les échanges entre génération et dans la marche de la société! http://old-up.eu/

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 06:01
 
Un jeune sur cinq souffre de solitude
Pour la huitième année, la Société de Saint-Vincent-de-Paul lance une campagne nationale de lutte contre la solitude, destinée à sensibiliser le grand public.
La première difficulté pour les jeunes qui se disent seuls est de trouver des personnes à qui se...
 

La première difficulté pour les jeunes qui se disent seuls est de trouver des personnes à qui se confier.

(Corinne Mercier/Ciric)

La première difficulté pour les jeunes qui se disent seuls est de trouver des personnes à qui se confier.

L’association a choisi de sonder la solitude des jeunes, à travers une étude que  La Croix    publie en exclusivité. Selon celle-ci, 19 % des 18-35 ans disent ressentir une solitude  « subie »  
Au total, 45 % ont connu des épisodes de solitude. S’il existe un lien certain entre précarité et solitude, celle-ci touche aussi des jeunes considérés comme favorisés et insérés.
Avec cet article
C’est le temps des amis, des conquêtes, de l’ouverture aux autres et au monde. C’est aussi, pour certains, celui du douloureux apprentissage de la solitude. Tel est l’enseignement de l’étude Mediaprism pour la Société de Saint-Vincent-de-Paul que La Croix  publie en exclusivité. 
Réalisée le mois dernier auprès d’un millier de personnes âgées de 18 à 35 ans,  cette enquête montre que 19 % de ces jeunes souffrent de la solitude. Au total, 45 % déclarent ressentir de la solitude souvent ou occasionnellement, celle-ci pouvant être choisie. Parmi eux, 42 % affirment qu’elle est « subie »,  autrement un jeune sur cinq.

 

 

Les jeunes et la solitude

Plus de filet de sécurité

Rien d’étonnant, pour le sociologue Jean-Claude Kaufmann. « Les jeunes ont gagné en autonomie et en liberté individuelle, ce qui est positif. Ils choisissent, beaucoup plus qu’avant, les réseaux dans lesquels ils souhaitent évoluer , explique le chercheur (1). Le problème, c’est qu’en cas de difficulté, les filets de sécurité fonctionnent de façon moins systématique qu’avant, à une époque où l’individu était partie prenante du groupe : la famille, l’entreprise, le voisinage, le village, etc. »  
Pour les plus fragiles, « le potentiel de liberté risque alors de se transformer en une perte de repères et un repli sur soi » , poursuit le sociologue.
Psychologue au centre hospitalier d’Erstein, en Alsace, Sébastien Dupont (2) ne dit pas autre chose : « La solitude est le revers de la médaille des formidables libertés dont jouissent les individus d’aujourd’hui. Nous faisons partie des premières générations qui souffrent de ce revers, à la suite de celles qui ont surtout perçu les bénéfices des libertés nouvelles, tout en profitant des cadres structurants transmis par les précédentes générations. En quelques décennies, nous sommes passés de “l’ivresse de la libération” à “l’angoisse de la liberté” »,  expliquait-il en janvier 2011, dans un forum organisé par la Jeunesse indépendante chrétienne.
Isolement affectif
À Vannes (Morbihan), Alain David, de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, s’étonne du nombre croissant de jeunes venant frapper à la porte. « Ils sont dans une situation d’isolement affectif, à la recherche d’une oreille bienveillante » , remarque ce bénévole. Dans sa permanence, il voit beaucoup d’exclus, sans travail et sans ressources.
Un constat confirmé par l’étude, qui montre que les inactifs sont surreprésentés parmi les jeunes qui souffrent de solitude. Le « manque d’argent »  est aussi la raison le plus souvent évoquée par les sondés pour expliquer leur isolement.
Mais pas seulement. Alain David rencontre aussi des jeunes des classes moyennes qui perdent pied. « Il suffit parfois d’une mésentente avec les parents, le jeune claque la porte et se retrouve perdu » , souligne-t-il.
Les réseaux sociaux ne suffisent pas
Président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, Bruno Dardelet indique de son côté que la solitude concerne aussi, en ville, un grand nombre de jeunes mères, isolées après une séparation ou un divorce. Dans l’enquête, les femmes vivant en Île-de-France sont ainsi relativement plus nombreuses à se sentir seules que le reste des jeunes.
À cet égard, Internet est un miroir déformant de la socialisation. L’étude montre que 86 % des sondés ont un compte Facebook, avec en moyenne 178 « amis ». Toutefois, les personnes interrogées ne sont pas dupes : 55 % considèrent en effet qu’Internet « favorise la solitude ».  
 « C’est une formidable chance de pouvoir tisser facilement des réseaux,  dit Jean-Claude Kaufmann. Mais les choses se corsent lorsque les jeunes veulent aller plus loin que l’empathie à distance et sont à la recherche de soutien, d’attachement, et de présence. »  
Redonner confiance
 « D’  une manière générale, cette perte de repères, parmi les 18-35 ans, est largement sous-estimée »,  déplore le président du mouvement, qui a lancé cette année sa huitième campagne nationale de lutte contre la solitude. Bruno Dardelet milite donc pour une véritable prise de conscience. 
Pour le responsable associatif, « il en va de notre responsabilité à tous de redonner confiance aux jeunes et de les aider à se battre » , loin de « l’indifférence »  et de la « résignation »  qu’il voit trop souvent poindre.
 (1) Dernier ouvrage paru :  C’est arrivé comme ça,  Éd. JC Lattès, 17 €.   
 (2) Auteur de  Seul parmi les autres  , Éd. Erès, 2010, 28,50 €.  
MARINE LAMOUREUX
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22 mars 2012 4 22 /03 /mars /2012 11:27
La prière du mois
Les solitudes

 

La solitude est sans courage
Et les volets
Restent fermés.

 

La solitude fait des ravages
Les vacances et les jours feriés
Les beaux dimanches, l’hiver, l’été.

 

La solitude c’est à tout âge :
dix-huit années
et l’horizon bouché.

 

La solitude a le visage
D’une jolie fille et de son bébé.
Oui, mais ses rêves sont dévastés.

 

La solitude ça voyage
Mais sans bagage et sans ticket
Au fond d’un lit ou sur un quai.

 

La solitude a l’air si sage
Le corps caché
Dessous les draps si bien tirés.

 

La solitude c’est mon grand âge
Si je suis resté le dernier
De mon ancien quartier.

 

La solitude c’est un étage
Et des paquets
Trop lourds pour monter l’escalier.

 

La solitude ça départage et ça dégage
Tous les CV
Mal rédigés.

 

La solitude est dans l’cirage
Quand elle n’a rien eu à manger,
Même pas quelque chose de volé.

 

La solitude jette avec rage
Un petit cahier d’écolier
Mal noté.

 

La solitude prend en otage
Tous les vouloirs, tous les projets,
Tous les élans,
Tous les désirs.

 

La solitude ça déménage
Dans la pensée, dans les idées
Des cœurs froissés.

 

La solitude a cent visages,
Le mien aussi parfois peut-être
Et pourtant je pourrais tisser
Un fil, un lien, un écheveau,
Tout un réseau.

 

La solitude a cent visages
Eteints, brouillés ou suppliciés
A ton image de crucifié,
Et moi qui recherche des traces,
Des preuves de ta divinité
Je devrais contempler ta face
Dans ton humanité blessée.

 

Qu’est-ce que j’attends pour faire tomber
Les murs de ma timidité !
Tu es là, tout juste à côté !

 

Raphaëlle Chevalier-Montariol,
Le 23 septembre 2006.
 Seigneur, apprends-nous

 

 

 

 

   

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 13:25
 
La crise sur le divan
Publié le vendredi 24 février 2012 à 08H00 par PARIS NORMANDIE.fr
ANGOISSE. Qu'est-ce que la crise fait résonner en nous ? Quel écho trouve-t-elle dans nos peurs et nos manques ? Quatre thérapeutes nous racontent comment elle s'exprime dans leur cabinet.
 
Beaucoup de patients se sentent disqualifiés, reconnaît un psychiatre
La crise ne nous touche pas qu'économiquement. Elle nous atteint intimement. Comment pourrait-il en être autrement? Même les mieux lotis ne peuvent échapper à la noirceur ambiante diffusée par les médias. «Crise», «récession», «rigueur», «sacrifices», «perte du triple A»: depuis des mois, le vocabulaire dominant a les accents d'une mauvaise série noire. Un film d'autant plus effrayant que nul ne donne l'impression de maîtriser son scénario catastrophe et qu'il semble impossible d'en prédire la fin. C'est sans doute là la principale différence avec la crise de 2008, qui nous avait déjà incités à interroger les psys sur les effets de ce malaise socio-économique chez leurs patients. Cette fois, la sévérité de la crise paraît plus durable, plus grave, plus palpable. Quelle que soit leur approche, les thérapeutes font tous ce même constat alarmant. «Une crise, n'est-ce pas un moment aigu? Quelque chose qui survient, monte en flèche puis redescend. Nous sommes au-delà. Nous sommes dans une situation stationnaire et durable. Notre système se durcit et isole les sujets, alors que nous sommes des êtres de lien. Tout le monde est frappé. A un point tel que l'hospitalisation de jour que j'avais créée pour proposer à tous d'avoir accès à la thérapie par la parole ne désemplit pas. Le constat que je dresse est le suivant: il n'y a plus d'avenir, dit-on. Or, quand un sujet rencontre un monde sans perspectives, ce qui lui revient en pleine figure, c'est une sensation d'incompétence, d'inadéquation, de morcellement intérieur.

«La crise met en jeu la pauvreté et la précarité. Ce sont deux notions qui ne résonnent pas de la même manière dans la psyché. La pauvreté peut être très difficile à vivre, mais ses conséquences psychiques ne seront pas épouvantables pour l'individu. La précarité, elle, prend deux formes: une «bonne», qui consiste à reconnaître, à assumer notre besoin de liens, le fait que nous dépendons tous les uns des autres. Et une «mauvaise», qui repose sur la crainte de ne plus être reconnu comme un individu parmi d'autres. C'est à cette «mauvaise» précarité que nous sommes de plus en plus confrontés dans notre travail aujourd'hui, et qui conduit à une perte de confiance très dommageable pour la santé mentale. Beaucoup de patients se sentent disqualifiés. Ils se méfient de tous, de leurs voisins d'immeuble, de travail, et entrent dans une logique «persécutoire» qui les met dans des états de stress permanent. Cette spirale paranoïaque nocive aboutit à un grand nombre de dépressions et de troubles narcissiques associés à une peur de l'avenir.
«A soixante-dix euros la séance, certains patients en difficulté financière hésitent à continuer leur thérapie. Nous trouvons des arrangements: se voir tous les quinze jours, trente minutes au lieu d'une heure… D'autres, au contraire, veulent continuer à travailler sur eux au même rythme qu'avant. La crise fragilise les personnalités qui trouvent leur sécurité à l'extérieur d'elles-mêmes. Elle peut réveiller une peur du manque habituellement tapie. Elle ravive parfois un passé douloureux de pauvreté ou le souvenir d'une dégringolade sociale. Et, pour ceux qui ne peuvent s'appuyer sur leur famille, une angoisse existentielle de solitude et d'abandon. Certains s'accrochent à un travail qu'ils n'aiment pas, terrorisés à l'idée d'être virés et de ne pas retrouver d'emploi. Ces angoisses sont justifiées: nous n'avons pas le contrôle, soumis à des choix politiques et économiques qui nous dépassent. J'encourage mes patients que la crise plonge dans la dépression à s'ouvrir aux autres. Ne serait-ce que pour constater que nous sommes tous, d'une façon ou d'une autre, vulnérables.
«Les choses ont changé, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles n'ont pas évolué dans le bon sens. J'accueille beaucoup de victimes d'accidents du travail liés à des problèmes de harcèlement. Ça a commencé il y a deux ans, avec une multiplication des cas de burn-out. Cette année, le climat s'est encore alourdi, avec beaucoup d'agressivité verbale, physique, civique dans les entreprises. Les patients ont peur de leurs supérieurs, de leurs camarades de travail. Il y a aussi ceux qui deviennent agressifs parce qu'ils craignent de perdre leur emploi. Je suis aussi confrontée à de plus en plus de violences domestiques: la colère qui a dû être ravalée au travail se «libère» au sein de la famille. Les enfants, les adolescents sont atteints eux aussi. Ils n'ont plus confiance en l'avenir, tentent de compenser par la nourriture, souffrent d'anorexie ou de boulimie… J'ai modifié ma pratique: je m'efforce de me rendre très disponible. Les patients qui régressent ont besoin d'un accompagnement constant.
 
PROPOS RECUEILLIS PAR HELENE FRESNEL ET CECILE GUERET

 

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