La solitude est sans courage
Et les volets
Restent fermés.
La solitude fait des ravages
Les vacances et les jours feriés
Les beaux dimanches, l’hiver, l’été.
La solitude c’est à tout âge :
dix-huit années
et l’horizon bouché.
La solitude a le visage
D’une jolie fille et de son bébé.
Oui, mais ses rêves sont dévastés.
La solitude ça voyage
Mais sans bagage et sans ticket
Au fond d’un lit ou sur un quai.
La solitude a l’air si sage
Le corps caché
Dessous les draps si bien tirés.
La solitude c’est mon grand âge
Si je suis resté le dernier
De mon ancien quartier.
La solitude c’est un étage
Et des paquets
Trop lourds pour monter l’escalier.
La solitude ça départage et ça dégage
Tous les CV
Mal rédigés.
La solitude est dans l’cirage
Quand elle n’a rien eu à manger,
Même pas quelque chose de volé.
La solitude jette avec rage
Un petit cahier d’écolier
Mal noté.
La solitude prend en otage
Tous les vouloirs, tous les projets,
Tous les élans,
Tous les désirs.
La solitude ça déménage
Dans la pensée, dans les idées
Des cœurs froissés.
La solitude a cent visages,
Le mien aussi parfois peut-être
Et pourtant je pourrais tisser
Un fil, un lien, un écheveau,
Tout un réseau.
La solitude a cent visages
Eteints, brouillés ou suppliciés
A ton image de crucifié,
Et moi qui recherche des traces,
Des preuves de ta divinité
Je devrais contempler ta face
Dans ton humanité blessée.
Qu’est-ce que j’attends pour faire tomber
Les murs de ma timidité !
Tu es là, tout juste à côté !
Raphaëlle Chevalier-Montariol,
Le 23 septembre 2006.